UNE DIZAINE DE MAIRES ET MAIRESSES SOUTIENNENT LE PLAN DE CONNECTIVITÉ ÉCOLOGIQUE – AUTOROUTE 10

Eastman, QC (12 septembre 2022) – Corridor appalachien souligne la collaboration exemplaire des municipalités en ce qui concerne la proposition du Plan de connectivité écologique – Autoroute 10, qui cible les aménagements fauniques optimums à prévoir afin de restaurer la connectivité écologique de part et d’autre de l’A10, entre les bornes kilométriques 74 et 121. Les maires et mairesses des municipalités de Bromont, Eastman, Bolton-Ouest, Saint-Étienne-de-Bolton, Orford, Magog, Farnham, Canton de Shefford, Lac-Brome, North Hatley, Stukley-Sud et Austin, notamment, accompagnaient l’organisme de conservation pour le dévoilement du Plan de connectivité écologique – Autoroute 10, lors de son point de presse aujourd’hui à la Maison Merry, à Magog.

Les maires et mairesses des municipalités de Bromont, Eastman, Bolton-Ouest, Saint-Étienne-de-Bolton, Orford, Magog, Farnham, Canton de Shefford, Lac-Brome, North Hatley, Stukley-Sud et Austin, notamment, accompagnaient l’organisme de conservation pour le dévoilement du Plan de connectivité écologique – Autoroute 10

MISE EN CONTEXTE DE LA PROBLÉMATIQUE
La connectivité écologique est reconnue pour son importance, non seulement comme alliée dans un contexte de changements climatiques, mais également pour le maintien de la biodiversité. La faune a besoin de se déplacer dans son habitat pour boire, manger et se reproduire. Quand une route est construite au milieu d’un habitat, la faune doit la traverser. La route devient alors un obstacle à la connectivité écologique et dans le cas de l’autoroute 10, elle est l’obstacle majeur du secteur, ainsi qu’en témoignent le grand nombre de collisions véhicules-faunes chaque année. En effet, selon les données du ministère des Transports du Québec (MTQ – 2015), on recense chaque année, sur le seul tronçon situé entre les kilomètres 68 et 143, en moyenne 90 collisions avec un cerf, 8 collisions avec un orignal, 2 collisions avec un ours et plusieurs centaines avec la moyenne faune. Afin d’augmenter la sécurité des usagers de la route et de la faune, ainsi que pour améliorer la connectivité, la solution consiste à aménager des structures de passage adaptées, comme des ponts, des tunnels et autres, et d’y diriger la faune au moyen de clôtures.

UN LIEU STRATÉGIQUE IMPORTANT
Le Plan de connectivité écologique – Autoroute 10 revêt une importance  stratégique majeure en raison même du lieu où il se trouve. Il s’insère directement dans les Appalaches nordiques et de l’Acadie, un secteur qui établit une connexion essentielle entre les forêts tempérées de l’est des États-Unis et les forêts boréales du Canada, au climat plus frais. La portion québécoise de cette écorégion (aussi connue sous le nom des Montagnes-vertes du Nord) est située précisément au sein du territoire d’action de Corridor appalachien. Elle constitue l’un des liens les plus névralgiques pour la connectivité écologique dans l’est de l’Amérique du Nord et l’autoroute 10 en est le plus grand obstacle.

Sur ce visuel, le mouvement des mammifères (rose), oiseaux (bleu) et amphibiens (jaune) en Amérique du Nord. Clairement, la zone à l’est des grands lacs est primordiale pour le mouvements des espèces dans un contexte de changements climatiques. ( Crédit: Lawler et al 2015 Animation par Dan Majka, TNC)

UNE DÉMARCHE SCIENTIFIQUE ET RIGOUREUSE
Le Plan de connectivité écologique – Autoroute 10 est le résultat d’une vaste démarche d’analyse et de consultation réalisée par Corridor appalachien et ses partenaires depuis 2010. Elle a permis de cibler sept zones prioritaires en fonction de quatre critères : l’occurrence de mortalité routière, l’utilisation du sol, la proximité d’un corridor écologique ou d’un noyau d’habitats et la proximité d’un cours d’eau.

De ces sept zones, deux sont situées dans le secteur Bromont-Shefford, trois dans le secteur Bolton-Ouest-Stukely-Sud, une dans le secteur Eastman et une dans le secteur Austin-Magog. Crédit: Corridor appalachien

Exemple de ponceau. Crédit Denis Tremblay

La démarche a également permis d’identifier les types d’aménagement les plus pertinents selon les secteurs. Ainsi, le Plan prévoit d’abord d’optimiser les structures existantes actuelles, par exemple en ajoutant des tablettes à des ponceaux existants, en construisant des ponceaux surdimensionnés, en aménageant les berges des cours d’eau ou en modifiant des structures routières existantes. Il prévoit aussi l’aménagement de passages adaptés aux différentes faunes : des passages inférieurs, sous la route, pour les petite et moyenne faunes; des passages supérieurs – regroupant les passerelles fauniques et les ponts écologiques – pour la grande faune (lynx roux, cerf de Virginie, orignal, coyote, ours noir, etc.).

« Nous sommes ravis de cette nouvelle étape vers la réalisation de ce grand projet innovateur dans notre région,» déclare Lisette Maillé, mairesse d’Austin et représentante des mairesses et maires qui soutiennent le projet. « À Austin, nous collaborons à ce projet depuis bientôt dix ans, notamment par l’adoption de mesures réglementaires qui réduisent les obstacles à la libre circulation de la faune.»

DES AVANTAGES POUR LA FAUNE ET LES HUMAINS
Si mairesses et les maires adhèrent au Plan, c’est qu’ils y voient de nombreux avantages pour leurs citoyens. Les usagers de l’autoroute bénéficieraient d’une amélioration de la sécurité routière puisque des installations adaptées réduiraient considérablement le nombre de collisions faune-véhicules, ainsi que les coûts annuels qui en découlent. À cela s’ajoutent les blessures parfois très graves, les pertes de temps, le stress pour les usagers et même les pertes de vie humaines. Le projet favoriserait les mouvements et le maintien de la biodiversité.

« Dans un contexte de changements climatiques, l’adaptation des espèces aux hausses de températures dépend de la connectivité écologique entre les milieux naturels, permettant leur déplacement du sud vers le nord. Or, les routes agissent comme une barrière pour de nombreuses espèces, empêchant l’utilisation de ces corridors écologiques » explique Clément Robidoux, directeur de la conservation chez Corridor appalachien. « La fragmentation des écosystèmes par le réseau routier est une menace sérieuse au maintien de la biodiversité. »

Enfin, comme la connectivité écologique est clairement identifiée comme une stratégie d’adaptation aux changements climatiques, le Plan de connectivité écologique – Autoroute 10 serait une réponse évidente tant pour la région immédiate que pour l’écorégion des Appalaches nordiques et de l’Acadie.

Un lynx roux capté dans le ponceau de la sortie 115 de l’autoroute 10, à peine une semaine après la fin des travaux.

UNE VISION AMBITIEUSE ET BIEN ACCUEILLIE
« La réponse des acteurs à qui nous avons présenté le Plan est plus que positive! Le projet répond à une problématique bien connue, non seulement chez les citoyens, mais aussi chez les décideurs qui veulent faire changer les choses. C’est aussi une façon de sécuriser tous les investissements qui ont été faits en conservation dans la région et de contribuer au maintien à long terme des écosystèmes du Parc national du Mont-Orford, » dit Mélanie Lelièvre, directrice générale de Corridor appalachien. « Dans le contexte actuel des connaissances en écologie routière, des changements climatiques et des nouveaux objectifs de préservation de la biodiversité, à la veille d’un nouveau mandat du gouvernement, il nous apparait important de faire inscrire le Plan dans les priorités. »

Selon les prévisions, l’ensemble du projet coûterait entre 110 et 141 M$. Les investissements pourraient s’échelonner sur le cycle de réfections prévues des infrastructures sur ce tronçon de l’autoroute 10. Le succès de la mise en œuvre du Plan repose sur l’engagement de leadership du ministère des Transports du Québec en partenariat avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, les MRC, les municipalités locales, les organismes de conservation et autres partenaires locaux.

UN PLAN RÉGIONAL QUI S’INSCRIT DANS UNE INITIATIVE PROVINCIALE
Le Plan de connectivité écologique – Autoroute 10 s’inscrit dans l’Initiative québécoise Corridors écologiques coordonnée par Conservation de la nature Canada et ses nombreux partenaires. Ce projet est soutenu financièrement par le gouvernement du Québec dans le cadre du programme Action-Climat Québec et rejoint les objectifs du Plan pour une économie verte 2030. Bien que le Plan de connectivité écologique – Autoroute 10 soit spécifiquement développé pour la réalité qu’est l’autoroute 10 en Estrie, des démarches similaires sont en cours dans d’autres régions du Québec, portées notamment par la collaboration issue de l’Initiative québécoise Corridors écologiques. Corridor appalachien tient également à remercier l’implication de la Fondation de la Faune du Québec, ainsi qu’Environnement et Changement climatique Canada par l’entremise de l’initiative Lieux prioritaires désignés par les collectivités  pour les espèces en péril du Fonds de la nature du Canada.

CONTACT
Frédérique Vuillermoz
Coordonnatrice des communications et de la philanthropie

Cell : 450-543-499

PLAN DE CONNECTIVITÉ ÉCOLOGIQUE – AUTOROUTE 10

DÉCLARATION DES MAIRESSES ET MAIRES PRÉSENTS AU POINT DE PRESSE

PROJET : Appui à la vision promue par le Plan de connectivité écologique – Autoroute 10 élaboré par Corridor appalachien pour une « Restauration de la connectivité écologique de part et d’autre de l’autoroute 10, entre les kilomètres 74 et 121

Nous soutenons la proposition développée par Corridor appalachien pour les raisons suivantes :

L’URGENCE DE LA CRISE CLIMATIQUE ET L’IMPORTANCE DE LA CONNECTIVITÉ

Les changements climatiques constituent une grave menace pour la santé et le bien-être des populations. La connectivité écologique est reconnue comme une stratégie fondamentale pour accroître la résilience des milieux naturels, de nos espèces et de nos sociétés face aux changements  climatiques. Ces milieux interconnectés jouent un rôle capital en termes de services écologiques rendus à la société. Ils assurent notamment la qualité de l’eau, de l’air, etc. La connectivité faunique (ex. passage faunique) est une des composantes essentielles de la connectivité écologique.

LE RÔLE CLÉ DES MUNICIPALITÉS VIS-À-VIS LA CRISE CLIMATIQUE ET LA CONNECTIVITÉ

Les municipalités sont au premier plan pour mettre de l’avant des solutions d’adaptation aux changements climatique. M. Demers le préfet de la MRC de Memphrémagog et président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) nous rappelait dans un article à la fin du mois d’août que : « L’urgence d’agir n’étant plus à démontrer, les élu(e)s sont résolument engagé(e)s dans la protection de l’environnement. Le leadership assumé en matière de protection des milieux naturels (…) engage l’ensemble des acteurs de nos communautés. » L’union des Municipalités du Québec nous rappelle également au printemps 2022 l’importance de la « protection des milieux humides, des milieux naturels, des corridors écologiques et du couvert forestier». Les instances municipales sont donc au front et concernées au premier plan dans la lutte contre les changements climatiques.

PARCE QUE L’AUTOROUTE 10 AGIT COMME UNE BARRIÈRE SUR LE TERRITOIRE ET QUE L’ÉCOLOGIE ROUTIÈRE EST UNE PUISSANTE PISTE DE SOLUTION

Chaque année plusieurs centaines de collisions ont lieu avec la faune sur la  portion d’autoroute à l’étude. L’écologie routière est reconnue comme piste de solution incontournable pour rétablir la connectivité écologique et réduire les impacts des infrastructures routières sur la faune, à l’instar des aménagements sur la route 175 ou plus récemment sur la 410 à Sherbrooke. L’écologie routière a fait ses preuves, elle répond à ces enjeux, en plus de réduire considérablement les collisions entre la faune et les automobilistes (augmentation de la sécurité routière). Les passages fauniques installés sur  82 km au Parc de Banff ont fait leur preuve et la surveillance effectuée depuis 1996 montre que ces aménagements ont réduit d’au moins 80 % les collisions avec la faune. En France, sur 9 200 kilomètres de voies gérés par des sociétés d’autoroutes, on compte plus de 1 800 passages pour la faune.²

DÉMARCHE SÉRIEUSE, BASÉE SUR LA SCIENCE

Depuis près de 10 ans, de nombreuses études ont été réalisées entre les  kilomètres 68 et 143 de l’autoroute 10 afin de bien documenter la situation. Le Plan de connectivité écologique – Autoroute 10 a été élaboré à partir des résultats de ces études, appuyés par les données issues de la littérature la plus récente sur l’écologie routière. Ces études ont été réalisées par Corridor appalachien, le ministère des Transports (MTQ), le ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs (MFFP), le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements Climatiques (MELCC), l’Université de Sherbrooke et l’Université Concordia.

Exemples :
– Protocole d’identification et de protection des corridors et des passages fauniques ;
– Délimitation des corridors écologiques ;
– Analyse des infrastructures en place et identification de quatre secteurs prioritaires ;
– Validation des mouvements fauniques de part et d’autre de l’autoroute ;
– Identification des tronçons où la mortalité faunique est la plus élevée.

L’IMPORTANCE DE L’AIRE NATURELLE DES MONTAGNES VERTES
Les quatre secteurs prioritaires de l’autoroute 10, entre Granby et Magog, sont situés au sein de la portion québécoise des Montagnes Vertes. Cette aire naturelle est une des plus belles régions du Québec et une des plus précieuses sur le plan écologique. Elle représente un corridor écologique critique reconnu au sein de l’écorégion des Appalaches nordiques et de l’Acadie ;
L’écorégion des Appalaches nordiques et de l’Acadie est reconnue d’importance mondiale par de nombreuses instances. D’ailleurs la conférence des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’Est du Canada reconnait par résolution que les efforts de conservation et de rétablissement de la connectivité écologique sont nécessaires et que les organismes qui œuvrent dans les domaines du transport et des ressources naturelles doivent collaborer pour que l’infrastructure de transport permette aux espèces de circuler et de faciliter l’adaptation aux changements climatiques. (rf résolution 40-3);

POUR GARANTIR LES INVESTISSEMENTS RÉALISÉS EN PROTECTION DANS LA RÉGION ET LE MAINTIEN DE LA BIODIVERSITÉ DU PARC NATIONAL DU MONT-ORFORD
Plus de 140 M$ ont été investis depuis 20 ans en conservation pour protéger des milieux naturels en terres privées (16 250 ha) afin de créer un vaste corridor d’aires naturelles dans la région. Ces investissements sont sans précédent au Québec. Notre région concentre le plus grand nombre de projets de conservation en terres privées du Québec. De plus, afin de maintenir sa biodiversité le parc national du Mont-Orford doit incontestablement demeurer lié aux grands massifs périphériques. Le maintien des milieux naturels de sa zone périphérique et la restauration de la connectivité, notamment au niveau de l’autoroute 10 par l’aménagement de passage faunique, constituent donc un bénéfice certain pour la santé des écosystèmes du Parc.

Pour toutes ces raisons, les mairesses et maires présents au point de presse soutiennent la mise en œuvre de cette vision qui répond à plusieurs enjeux et demandent aux partis politiques de se prononcer sur leurs intentions de faire de cette proposition une priorité pour la région.

Le Plan : connectivité écologique – Autoroute 10 est une solution concrète qui rejoint l’ensemble des acteurs du milieu.