Afin de réaliser sa mission, le programme oriente ses efforts vers trois enjeux majeurs:
Les chauves-souris cavernicoles sont celles qui habitent les cavernes et les mines abandonnées au moins une partie de l’année. La majorité d’entre elles hiberne dans les cavernes et occupe d’autres endroits, comme des arbres ou des structures humaines, durant l’été.
Au Québec, nos espèces cavernicoles sont la pipistrelle de l’Est (Perimyotis subflavus), la grande chauve-souris brune (Eptesicus fuscus), la petite chauve-souris brune (Myotis lucifugus), la chauve-souris nordique (Myotis septentrionalis) et la chauve-souris pygmée de l’Est (Myotis leibii). Mis à part la petite chauve-souris brune qui se retrouve dans une grande variété d’habitats, ces espèces sont observées dans des régions forestières clairsemées et dans des pâturages, près de points d’eau.
La chauve-souris nordique se retrouve plus particulièrement en forêt boréale et la chauve-souris pygmée de l’Est, en région montagneuse. L’ensemble de ces espèces, à l’exception de la chauve-souris nordique, peuvent être observées en milieu urbain.
La pipistrelle de l’Est et la chauve-souris pygmée de l’Est sont classées dans la Liste des espèces de la faune susceptible d’être désignée menacées ou vulnérables régie par la loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec. En 2014, la petite chauve-souris brune, la chauve-souris nordique ainsi que la pipistrelle de l’Est ont été évaluées par le COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada) et ont été annexées dans la Liste des espèces « en voie de disparition » régie par la Loi sur les espèces en péril du Canada.
Ce groupe inclut les chauves-souris qui migrent durant l’hiver. Ces chauves-souris peuvent effectuer de longs déplacements de plus de 500 km. À l’ automne, ces espèces vont migrer aux États-Unis jusqu’au Golfe du Mexique.
Au Québec, les espèces migratrices sont la chauve-souris rousse (Lasiurus borealis), la chauve-souris argentée (Lasionycteris noctivagans) et la chauve-souris cendrée (Lasiurus cinereus). Ces trois espèces sont retrouvées principalement en milieu forestier, près de clairières et de points d’eau. La chauve-souris rousse peut aussi être aperçue en milieu urbain.
Elles ont toutes été classées dans la Liste des espèces de la faune susceptible d’être désignée menacées ou vulnérables régie par la loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec.
Plusieurs facteurs affectent l’abondance de nos différentes espèces de chauves-souris au Québec. Les principales causes sont les maladies, la perte d’habitat, l’utilisation de pesticides et le dérangement par les humains (Fenton, 2001).
En plus de contribuer à la biodiversité, les chauves-souris du Québec aident à l’élimination de plusieurs insectes nuisibles à l’agriculture et à la diminution de l’utilisation de pesticides (Boisseau, 2014). Une étude indique que leur alimentation insectivore permettrait au domaine agricole d’économiser 3,7 milliards de dollars par année en Amérique du Nord (Boisseau, 2014).
En 2006, un champignon (Pseudogymnoascus destructans) venu d’Europe a fait son apparition en Amérique du Nord et plus précisément en 2010 au Québec (MFFP, 2015). Les cas de syndrome du museau blanc se sont multipliés avec les années dû à ce champignon qui cause cette infection.
En Amérique du Nord, le syndrome du museau blanc affecte particulièrement les espèces qui hibernent (Dumouchel, 2015). Aimant les basses températures des cavernes, l’infection fongique s’attaque aux tissus des chauves-souris en hibernation. Par conséquent, le nombre de réveils durant l’hibernation est plus élevé chez les chauves-souris atteintes et cela entraîne une perte des réserves de graisses trop rapide (COSEPAC, 2013). Elles vont donc souvent mourir à bout d’énergie avant la fin de l’hiver. Dans les dernières années, des centaines de populations de chauves-souris cavernicoles ont été décimées. Cela a entraîné un grand débalancement dans les chaînes alimentaires de nos écosystèmes.
Il est estimé qu’entre 5,7 et 6,7 millions de chauves-souris sont mortes du syndrome du museau blanc depuis son arrivée(Dumouchel, 2015). Selon les données du COSEPAC, on compte environ 94 % de la population de pipistrelle de l’Est, 98 % des petites chauves-souris brunes et 99,8 % des chauves-souris nordiques qui seraient décédées suite à la maladie (COSEPAC, 2013).
Boisseau, Gaétane. 2014. Le syndrome du museau blanc : une maladie galopante qui menace la survie des chauves-souris hibernantes. InVivo, 2 :6-8.
Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). 2013. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la petite chauve-souris brune (Myotis lucifugus), chauve-souris nordique (Myotis septentrionalis) et la pipistrelle de l’Est (Perimyotis subflavus) au Canada. Gouvernement du Canada. 104p.
Dumouchel, Christine. 2015. Stratégies visant le rétablissement et le maintien des populations de chauves-souris du Québec. Université de Sherbrooke. 115p.
Fenton, M. Brock. 2001. Bats, revised edition. Checkmark Books. 2e edition. New-York. 224p.
Gouvernement du Canada. 2017. (Page consultée le 07-12-17). Registre public des espèces en péril. (En ligne) https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/registre-public-especes-peril.html
Harvey, Michael J., J. Scott Altenbach et Troy L. Best. 2011. Bats of the United-States and Canada. The Johns Hopkins University Press. Baltimore. 202p.
Ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs (MFFP). 2015. (Page consultée le 02/12/17). Syndrome du museau blanc chez les chauves-souris. (En ligne). http://www.mffp.gouv.qc.ca/faune/sante-maladies/syndrome-chauve-souris.jsp
Ministère de la Forêt de la Faune et des Parcs (MFFP). 2017. (Page consultée le 02/12/17). Liste des espèces désignées menacées ou vulnérables au Québec. (En ligne). https://mffp.gouv.qc.ca/la-faune/especes/especes-menacees-vulnerables/
Prescott, Jacques et Pierre Richard. 2013. Mammifères du Québec et de l’est du Canada. Édition Michel Quintin. 3e édition. Waterloo. 479p.
Steve Troletti